Au si lointain, Surgit Dans un cri de dentelle,
Au si lointain,
Surgit
Dans un cri de dentelle,
Comme une fleur,
Un murmure christallin,
Un arbre aux racines entrouvertes.
De ce silence dévoilé,
S'échappent
Malgré les gerçures des terres,
Ces phrases orphelines
Prisonnières à la dernière nuit
Du coeur
De l'enfant aux yeux gris.
Celui,
Témoin
De nos heures inespérées.
(c)Nathalie BARDOU Février 2022
J' ai entendu ta lumière
J’ai entendu ta lumière.
Elle avançait sur la rivière à pas frottés après s’être allongée sur les seins de la colline .
J’ai entendu ta lumière, ton œil blanc, ton visage bleu
Et je me suis assise,
Pas loin des libellules valsantes.
Tu ne disais rien d’autre
Que ce que le moineau
Partage
Rien d’autre que ce que le simple
Honore
Dans son arrêt de temps
Au dessus de la terre.
J’ai entendu tes pas
Dans le vent frais
Qui devenait frisson de feuilles,
Dans la chair d’un nuage
Dans la veine de chaque arbre.
Et a résonné
Presque timidement
Comme un carillon
Qui exclame la bonne heure.
Et le temps se pare
De colliers d’ambre.
Je t’entends à l’instant
Te pencher sur les toits de tuiles
Sur ces taches rouges
Qui jouissent
Sous les mains du soleil.
Je t’entends
Ecarter la brume
Et souffler dans la bouche du ciel
Porter à la main
Le rond jaune
Et t’affairer
Dans le grenier des mousses .
Et
Je t’entends
Doucement
M’attendre.
Nathalie BARDOU 2016
Je parlerai de vous
Je parlerai de vous
Comme on parle à voix basse
Des âmes tentacules
Qui enlacent le monde,
De
Votre ombre chaude
Encore aux bois de mon épaule.
Je parlerai de vous
Les mains si près de l’âtre des nuits
Que je brûlerai
Dans un riant silence
Laissant
La pulpe fruitée d’un sourire
Courir le long
Des étoiles.
Je parlerai de vous,
Je vous trouverai dans un livre
Dans un coin de ma pièce aux aveux
Et j’irai, les pieds nus
Plonger à
L’orage de vos pupilles
Organisant le chaos
Des jours incréés.
Je parlerai de vous
A chaque lune pleine
De laine angora.
J’extirperai de l’orage
La substance
Du visage
De
L’Empereur fissuré
D’une nuit d’été.
Je parlerai de vous
A l’automne,
En hiver,
Jusqu’à essorer la mémoire
Et emmitoufler
Le blanc d’une chemise
Au plus creux de moi.
Et si l’usure vient aux plis
Des costumes d’air que je vous taille
Qu’importe
Je parlerai encore
De ce qui reste
D’algues ondoyantes
Sur les rochers asséchés.
Nathalie BARDOU 2018
De réveiller ce qui sommeille
Tu sais,
Il faut longtemps
Se taire
Pour tenter d’entendre
Ce que travaille
La patience de l’air,
Dans cet espace ténu
Qui sépare les mots de la Parole.
Laisser les yeux se reposer
Sous les ombres denses
De ces arbres- abri
Qui ont appris
La conjugaison
Des naissance-mort-renaissance
De chaque embryon d’âme
Dont nous sommes le logis.
Et
Dénudés enfin
Se tendre vers le Ciel
Veilleur de nos corps-coupelles,
En lesquels se qui se nomme Vie,
Plonge ses mains patientes
D’archéologue
Nourrissant
Cet espoir insensé
De réveiller ce qui sommeille.
Nathalie BARDOU 2018
Enfantée d'éternité
Lorsque je te vois
Attentif
A l’orée de ta forêt,
Tu portes en ta veste de feuilles
Des fragments de rouleaux verts,
Et au poignet
Cette liane de pervenches.
Je ne sais d’où tu surgis
Toi qui désarticules
Les marionnettes de la mémoire.
Je t’entends faire trembler la porte de la chapelle,
Allumer une à une les bougies
Aux yeux étincelants.
Tu prépares un coin de sol,
Un tapis de sable
Et
Ce que tu me tends à boire,
Dans ta paume ouverte,
A la couleur de l’ambre fondue.
Je m’y brûle les lèvres
Dans la fraîcheur de tes yeux de nacre.
Nous parlons
Le langage du silence
Car
Ni ta voix
Ni la mienne
Ne peuvent se trouver.
Et de ces paroles
Qui s’échangent sans syllabes
Naissent
L’or et le pourpre
D’une chorale d’ oiseaux invisibles.
Après
Que nos tempes se soient
Adoucies l’une à l’autre
Que ma main
Redevienne sans ombre
Je me relève,
Etrangère au monde
Enfantée d’Eternité.
Nathalie BARDOU
2014
Je ne guette rien
Je ne guette rien
Et tout me guette.
Dont
Votre regard étiré
Cernant le rond des nuits,
Etrange harmonie grise
Courbée et tendue
Tel un arc entre deux lunes.
Vos pupilles portées
En invisible
Autour du blanc d’un cou,
Sautoir aux odeurs carnées
Et l’heure se creuse
Dans le soudain d’un mot.
Je ne guette rien,
La phrase se jette
Du haut d’un œil
M’assaille en silence
Retourne l’entaille
Et au fond de la langue
Un pan de métal poli
Se dresse ,
Le mot glisse sur la paroi lisse
Jusqu’à l’entraille du dire.
Me guettait
Durant ces temps creux
Ce Vous à dire.
Je Vous porte donc
A la cime de l’arbre sec
Et j’attendrai
Qu’à la serrure blessée
L’œil se dévoile.
Il me plait que vous n’en sachiez rien.
Je vous laisse le vol du silence.
Nathalie BARDOU 2012
Je passais juste là
C’est tordre le linge ,
Essorer et étendre
Ce qui reste d’eau dans les plis .
La nuit a eu cette parole blanche
Qui m’a détachée de ton épaule.
Je crois saigner un peu
Si j’y regarde bien.
On range dans l’armoire
Les draps siamois
Les plaines de lumière
Les mouchoirs de coton
Même la fougère.
Ici,
Rien ne craint l’abandon .
Il me reste
La terre d’une odeur ,
L’encre qui a glissé
La mue du serpent
Cet arbre qui a bu
Le silence violet
- Une lettre de plus , et il était violent -
Il reste ce qui arrivera .
L’automne
De derrière les dunes, sève et sang
Encapsulés sous les limons .
Ce que je verrai derrière les vitres
La danse des ciels lourds ,
Que j’écouterai trembler
D’avoir à éprouver une fois de plus
La caresse carnassière des vents .
Il reste aussi
Et surtout
La lueur d’une voix
Qui tremblait après
Que les rêves aient parlé .
Je t’emmène
Encore
Dans mes forêts sans fond,
Ce n’est rien ,
Regarde,
Ce n’est que
Le temps qui parle…
Je passais juste là
Devant ta porte.
Nathalie BARDOU 2012
Au loin, sur le fil, ou entre
Le ciel noir
La cerne du grand chagrin
Porté au bout portant
De début du coeur.
Améthyste boussole
Creusée au vert de veines.
Pour tout voyage
Eteint à la paume venteuse
Elle élève
L'aile dorée de l'aigle
Sous les clameurs lunaires.
Enluminures à la coupole
Par et pour
Les renaissants
Les partants
Et même
Les attendants.
Sentez
L'herbe écrasée
Ou de si peu piétinée .
Elle est au loin
De cette odeur
Sur le Fil
Ou entre
Nathalie BARDOU 2014
Je suis cet arbre
" Dis lui que l'empreinte ne devra être que vent
Car
Je la sais sa poche de peau
Et son volcan attentif
A l'en corps.
Son regard pointé dans la liqueur orange
Et sa langue criblée d'impatiences
De ce qui lui pousse aux racines
Des draps jetés sur l'herbe
Et des mers jeysers au sang ."
Alors qu'au hublot de l'alvéole
Se presse la parole des colibris,
L'arbre sait
La patience du feu.
Cette intouchable soulevée
Du Beau
Lorsque après la suture
Glisse lentement la goutte de cristal
Cette goutte de Silence
Ce frisson délicat
Emplissant la ruche
Au ventre des chapelles.
Je suis cet arbre
J'en ai la même robe.
Nathalie BARDOU 2014