Enfantée d'éternité
Lorsque je te vois
Attentif
A l’orée de ta forêt,
Tu portes en ta veste de feuilles
Des fragments de rouleaux verts,
Et au poignet
Cette liane de pervenches.
Je ne sais d’où tu surgis
Toi qui désarticules
Les marionnettes de la mémoire.
Je t’entends faire trembler la porte de la chapelle,
Allumer une à une les bougies
Aux yeux étincelants.
Tu prépares un coin de sol,
Un tapis de sable
Et
Ce que tu me tends à boire,
Dans ta paume ouverte,
A la couleur de l’ambre fondue.
Je m’y brûle les lèvres
Dans la fraîcheur de tes yeux de nacre.
Nous parlons
Le langage du silence
Car
Ni ta voix
Ni la mienne
Ne peuvent se trouver.
Et de ces paroles
Qui s’échangent sans syllabes
Naissent
L’or et le pourpre
D’une chorale d’ oiseaux invisibles.
Après
Que nos tempes se soient
Adoucies l’une à l’autre
Que ma main
Redevienne sans ombre
Je me relève,
Etrangère au monde
Enfantée d’Eternité.
Nathalie BARDOU
2014